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Le réconfort après la tempête

Dans son restaurant, Lovely Reckley aide sa communauté à reprendre pied après le passage d’un ouragan meurtrier en servant «burgers ouragan» et wraps au homard, des plats traditionnels bahamiens réconfortants agrémentés d’une touche personnelle.

Née dans un minuscule village de pêcheurs sur l’île d’Abaco, aux Bahamas, Lovely Reckley a été nourrie aux produits de la mer dès son plus jeune âge. «J’ai grandi à Fox Town, nous habitions littéralement sur l’eau, raconte-t-elle. On s’endormait bercés par les vagues et les mêmes vagues nous réveillaient au matin.»

«Les fruits de mer étaient notre menu quotidien, poursuit-elle. On mangeait d’autres produits aussi, mais ce sont ces plats-là que nous adorions vraiment. Ma mère était une excellente cuisinière. Je la regardais cuisiner et j’ai vraiment beaucoup appris à son contact.»

Rien d’étonnant par conséquent que, bien des années plus tard, Lovely gère un petit restaurant connu pour ses délicieux plats traditionnels bahamiens réconfortants : fruits de mer, viande de poulet et burgers, toujours servis avec une touche inédite, personnelle et innovante.

Le restaurant, «Lovely’s Delight», est aussi devenu un lieu communautaire très important dans les mois suivant le passage de l’ouragan Dorian, qui a déferlé sur son île natale d’Abaco l’année dernière et dans lequel de nombreux habitants ont littéralement tout perdu : habitations, biens, et, pour nombre d’entre eux, certains de leur proches.

Les plats qui ont laissé à Lovely Reckley de délicieux souvenirs d’enfance venaient tous de la mer, comme ces superbes poissons préparés par les vendeurs du marché aux poissons de Fox Town. | Photographe: Zyandric Jones/IFRC

Une épreuve effrayante

Le passage de Dorian a été une expérience terrifiante, raconte Lovely, qui fut évacuée de l’île d’Abaco avec son mari la veille de l’arrivée de l’ouragan, en raison de l’état de santé de ce dernier. «J’ai dû quitter l’île, en laissant derrière moi mes enfants, mes petits-enfants et mon arrière-petit-fils. C’était effrayant, car pendant plusieurs jours après le passage de l’ouragan, nous n’avons eu aucun moyen de communiquer avec eux pour nous assurer que tout le monde était sain et sauf.»

«C’est une semaine environ après la tempête que nous avons appris que j’avais perdu ma maison avec tout ce qu’elle contenait, y compris nos véhicules et tout le reste.»

Lovely a failli perdre son mari, victime d’une attaque cérébrale la veille de l’ouragan. Elle a bien failli perdre son restaurant aussi, un établissement local apprécié de tous, qui était aussi connu pour servir à Lovely de quartier général pour son activité consistant à fournir des repas aux enfants nécessiteux de l’île. «Le restaurant a subi de gros dégâts», dit-elle.

«Tant de maisons avaient été détruites, et comme les gens vivaient sous des tentes, ils ne pouvaient pas faire la cuisine eux-mêmes.»
Lovely Reckley, chef et propriétaire du restaurant Lovely’s Delights sur l’île d’Abaco (Bahamas)

Lovely constate les dégâts causés à sa maison par Dorian, un ouragan de catégorie 5 qui s’est abattu sur les Bahamas le 1er septembre 2018. | Photographe: Zyandric Jones/IFRC

Le «burger ouragan»

Finalement, c’est le restaurant qui a permis à Lovely et à son mari de se remettre debout; il est devenu leur nouveau foyer après une rénovation rendue possible par la Croix-Rouge américaine et CORE. Les travaux ont permis d’ajouter un nouvel espace d’habitation à la petite structure. Et comme Lovely’s Delight a été l’un des premiers commerces à rouvrir ses portes, il a servi de lieu de rassemblement aux habitants après l’ouragan, en leur permettant de se détendre et de se rassasier.

«Nous avons pu redémarrer et aider les habitants avec de la nourriture. On ne manquait pas de vivres sur l’île, mais comme tant de maisons avaient été détruites, et comme les gens vivaient sous des tentes, ils ne pouvaient pas faire la cuisine eux-mêmes.»

C’est ainsi que Lovely’s Delights est redevenu un lieu où l’on prépare des repas pour des personnes qui cherchent un peu de réconfort dans des temps difficiles. «Grâce à l’aide de CORE et de la Croix-Rouge, nous avons pu réparer le bâtiment pour sauver réellement notre communauté, explique Lovely. J’ai pu préparer des repas, faire du pain… Cela a beaucoup aidé.»

Dans l’intervalle, Lovely’s Delight est devenu une entreprise familiale : les enfants et petits-enfants de Lovely préparent et servent des plats comme le «burger ouragan» (ainsi dénommé pour commémorer les nombreuses tempêtes affrontées par les habitants de l’île), des ailes de poulet épicées ou encore des wraps à la façon d’un burrito, à base de homard, de poisson, de poulet et de crevettes.

Aujourd’hui, ce sont les petits-enfants qui recueillent les conseils culinaires de leur grand-mère, célébrité locale et chef reconnue sur l’île. «Quand j’ai ouvert mon restaurant, tous les enfants donnaient un coup de main, explique-t-elle. Maintenant, j’ai mes deux petites-filles qui m’aident, plus quelques autres personnes qui viennent nous épauler. Elles sont toujours là pour aider en cas de besoin.»

Le restaurant est maintenant une affaire de famille : Lovely Reckley, la propriétaire, est assistée par ses deux petites-filles, qui aident leur grand-mère en prenant les commandes, en préparant les plats et en emballant les plats à emporter. | Photographe: Zyandric Jones/IFRC

Poisson frit de Lovely, avec riz et petits pois

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